Alimentation des poulets de chair sans soja et sans OGM (W-A-B, 2013)

 :

Substitution du tourteau de soja par des pois protéagineux dans l'alimentation des poulets de chair

Objectif(s)

L'objectif spécifique est de vérifier le bien-fondé de l'option pois-colza dans l'alimentation des mono-gastriques par la comparaison de deux lots de poulets via les paramètres suivants: la croissance, le poids et le rendement à l’abattage, les qualités gustatives, les rejets dans les fientes.  

les buts généraux sont la maîtrise de qualité de la nourriture (et traçabilité) et la durabilité de l'agriculture d'un point de vue économique, agronomique et environnemental dans une recherche d'autonomie au niveau global de l'exploitation.

Description et appréciation de ce qui a été essayé

1. Les poulets et constitution des lots.

Souche Ross (+ un lot de kabirs au 2ème esai). Arrivé à l’âge de 4 à 5 semaines. Constitution des lots après une semaine d’acclimatation.

Essai 1: le 1er lot « Aliment fermier » comprenait la majorité des poulets, élevés de la manière habituelle à la ferme : espace large (3,5 m²/poulet), alimentation par le biais d’une trémie centrale, 2 points d’eau. 15 poulets marqués avec un spray ont été observés. Le 2ème lot «Aliment du commerce 1 » ; un enclos a été délimité dans le poulailler et 15 poulets y ont été placés. Densité identique, eau et aliment à volonté.

Essai 2: 2 enclos de 8 m² ont été délimités; chacun 15 poulets Ross et 10 poulets Kabirs. Un lot a été nourri avec l’ « Aliment fermier », l’autre avec l’ « Aliment du commerce 2 », provenant d’un autre fabricant que l’ « Aliment du commerce 1 ».

Essai 3: même dispositif que l’Essai 2 avec 15 poulets Ross. L’ « Aliment fermier » était comparé à l’ « Aliment du commerce 1 ». Les consommations respectives ont été enregistrées. 

2. Les aliments. 

L’ « Aliment fermier »: matières premières produites sur la ferme, stockées sur place et l’aliment, préparé par un moulin mobile. Son prix de revient (31,94€/100 kg) a été calculé sur base d’un prix moyen pondéré sur l’année 2013 des différents constituants du mélange.Les aliments du commerce proviennent de 2 fabriques régionales différentes, prix d'achat pour les deux: 38€/100 kg. Leur compositions ont été analysés (Tableau 5)

3. Observations et mesures.

Plusieurs pesées lors de la croissance des poulets. Lors de l’abattage: pesés vivants, puis en carcasses. Lors des essais 1 et 3, des mesures additionnelles ont été effectuées : Essai 1. Durant les 2 derniers jours avant l’abattage, des fientes ont été récoltées et analysées : 3 sacs de plastique étaient étalés dans chaque enclos, de façon à y récolter des fientes exemptes de paille. Essai 3. La consommation des 2 lots de poulets a été enregistrée.

Résultats et leur appréciation

Graphique 1 : Courbes de croissance des 2 lots de poulets dans les différents essais.  

Essai 1 : La croissance des poulets nourris avec l’aliment fermier est plus faible que celle des poulets nourris avec l’aliment du commerce. Il a fallu 1 semaine en plus pour obtenir un poulet de 4 kg. Le rendement à l’abattage est de 70 % pour le lot « Aliment commerce 1 », et de 67 % pour le lot « Aliment fermier » (tableau 6). Par contre, les poulets « Aliment fermier » étant un peu plus gras se sont montrés supérieurs en qualités gustatives par rapport aux poulets « Aliment commerce 1 » (sec après cuisson).

On constate que l’utilisation de pois protéagineux au lieu du soja augmente sensiblement la teneur en matière sèche des fientes (21.5 % avec l’aliment fermier contre 17,70 % avec l’aliment du commerce ; tableau 7). Les rejets d’azote sont nettement diminués (5,53 contre 21 10,30 %), ce qui traduit une meilleure assimilation des protéines dans le cas où leur teneur est réduite dans l’aliment (13 % dans l’aliment fermier contre 19 % dans l’aliment du commerce).  


Essai 2 : La croissance des poulets nourris à l’aliment fermier est inférieure à ce qui avait été observé au printemps (effet de la saison ?), mais nettement supérieure à celle des poulets « aliment commerce 2 » (voir rapport tableau 8). Cet avantage comparatif était moindre dans le cas des poulets Kabirs. Au niveau de la teneur en cendres (7,4 % pour « aliment commerce 2 » et 5,4 % pour « aliment fermier »), nous n’avons pas trouvé d’explication à cette moins bonne performance de l’aliment commerce 2, pourtant plus riche en protéines.  

 

Essai 3: La croissance des poulets « aliment fermier » était moindre que celle des poulets « aliment commerce 1 ». Cependant, leur consommation était également inférieure, de sorte que l’efficacité alimentaire des 2 lots était finalement très proche (Tableau 9). Le prix de revient alimentaire par kg de poulet vif produit était de 0,56 € avec l’ « aliment fermier » et de 0,78 € avec l’ « aliment commerce 1 ». Il apparaît donc que la meilleure croissance des poulets nourris à l’ « aliment du commerce 1 » était directement liée à une consommation supérieure de cet aliment. Or, il nous a semblé évident que certains additifs de l’ « aliment du commerce 1 » augmentaient son appétence (sel, mélasse, …). 

 

Conclusions 

La croissance des poulets nourris avec l’aliment fermier (titrant 13,1 % de protéines à base de pois et de tourteau de colza) était moindre qu’avec un aliment du commerce à 19,2 % de protéines (à base de tourteaux de soja). Cette croissance est lié à une moindre consommation d’aliment => l’efficacité alimentaire était du même ordre de grandeur.

Le prix moins élevé de l’aliment fermier a permis un prix de revient par kg de poulet inférieur de 39 % à l’aliment du commerce le plus performant.

A une teneur élevée de l’aliment en protéines (19,2 %) était également associée une moins bonne assimilation de celles-ci par l’animal, et des rejets accrus de matières azotées dans les fientes. Nous rejoindrions ainsi certaines pistes lancées dans d’autres types d’élevage pour économiser les ressources en protéines : « perdre un peu de production pour maximiser l’efficience azotée. »

What's next?

Dans l’optique de l’autonomie alimentaire, la formule définie comme « aliment fermier » assure un taux d’autonomie de 85 %. Les 15 % restant (tourteau de colza et luzerne déshydratée) proviennent d’un approvisionnement régional (dans un rayon de quelques centaines de km au maximum). Parmi les pistes susceptibles d’améliorer ce taux d’autonomie:

- trouver des variétés de pois plus riches en protéines.

- tester l’incorporation de féveroles.

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